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La ville s'éveille

Grands photographes des XX et XIe siècles

11 juin - 2 juillet 2021

56 Boulevard de la Tour-Maubourg, Paris, France

ROGER SCHALL / PIERRE BOULAT / ALEXANDRA BOULAT / CLIFF CHAN / WILLIAM KLEIN / GEORGES MARTIN / DIDIER FONTAN / NICHOLAS SIMENON

Après une année d’hibernation culturelle, la ville se réveille enfin, les cafés et les boutiques ouvrent, la vie reprend ses droits. Dans le cadre d'un partenariat avec le Studio de la Galerie Artismagna, nous avons souhaité célébrer ce moment particulier en vous présentant un aperçu de la capitale telle qu’elle fut pendant près de 75 ans, jusqu’à cette pandémie. Pour cet exercice nous avons fait appel à quelques grands noms, en miroir de la création contemporaine : Roger Schall, photographe historique qui a notamment couvert la montée du nazisme, les défilés de Chanel, ou encore le charme de Montmartre ; Georges Martin, humaniste dans la lignée de Doisneau ; Pierre Boulat, le seul photographe français du magazine Life ; Alexandra Boulat photojournaliste renommée et fondatrice de l’agence VII ; mais également William Klein, américain installé à Paris depuis les années 50 qui reste le seul photographe légendaire de cette génération de l’après guerre.

Seront exposés trois photographes contemporains : Didier Fontan, Cliff Chan et Nicolas Simenon dont les regards prolongent ceux d'hier, ils illustrent notre ville en pleine mutation. Nous espérons vous voir nombreux à cette installation riche par sa diversité et unique par sa scénographie originale.

Jean-François Camp
Galerie Durev

Le jeune département photographie de la galerie Artismagna se réjouit de présenter l'exposition "La ville s'éveille", aux côtés de l'éponyme galerie Durev à Paris. Ambitieuse initiative que celle de réunir 75 années de photographie autour d'une thématique aussi dense, et de proposer au public un voyage dans le temps au gré du plein sentiment des photographes face au réel. Car la photographie plus que tout autre forme d'art, nous mène vers un univers que l’on croit volontiers réel. Elle impose à l'œil comme à l’esprit un fragment capté, celui d'une réalité à laquelle nous ne pouvons prêter le moindre doute. Mais une simple retrospective du réel ne suffirait pas à rendre ce qu'une galerie d'art promet à son public : l'expérience poétique, ou en d'autres mots un réel transposé. Les œuvres que nous avons sélectionnées offrent donc le double avantage de la stricte réalité, mais prise sous l'angle d'un propos narratif et esthétique.

Emmanuel de Boisset
Galerie Artismagna

En effet, l'ensemble des images réelles que nous exposons documentent factuellement l'histoire au travers des formes “nobles” d'une pratique à visée sociale, de guerre, d’investigation, ou de reportage. Bien entendu, si la forme, la technique ou encore le soin du détail d’un cadrage et d'une chromie servent à merveille ce “réel”, ils n’en demeurent pas moins d’excellents ressorts pour mettre en place une fiction. Ainsi la photo peut rejoindre la littérature lorsque les plus intègres journalistes peuvent se révéler de fantasques romanciers. Précisément, l'intérêt d'une telle exposition, juxtaposant 75 années de villes à l'éveil repose sur un équilibre balancé entre le réel et la fiction suggestive. Dans cette heureuse perspective, la forme de photographie urbaine que nous réunissons sacrifie avec un art consommé à toutes les nécessités du genre : cadrages, perspectives, humanisation et socialisation de décors architecturaux.

Regardons la série "Diary" de Cliff Chan. Celle-ci détient selon nous une âme cinématographique évidente, par ce traveling subtil qui anime chaque cliché. L’instant n’est pas tout à fait figé, l’obturateur laisse le temps à "une histoire" de se prolonger toujours un peu. Ici elle sera mélancolique, un rien désinvolte, toujours très intime. L’âme et l’ambiance des clichés de ce jeune talent lillois repose sur une technique parfaitement maîtrisée : le choix qu'il porte vers l'usage du film argentique pour le velours et la douceur de la scène ne dessert en rien une touche très contemporaine. Et si l’on ne sait que peu de choses sur les "faits" des images présentées, restent à admirer leur composition et le travail d’un excellent coloriste comme on le dirait d’un peintre.

Cela vaut également pour les œuvres du photographe suisse Nicholas Simenon. Le cadrage, le travail sur la lumière et sur une forme d’abstraction de la représentation, apporte le "dramatique" propre à un tableau ou à une scène dont il conviendrait de renforcer la singularité. Une silhouette s’échappe, prise dans une lumière qui tombe nette, telle une lame tranchante. D'une image à l'autre, encore et toujours cette silhouette qui fuit dans une contorsion dont nous ne connaissons pas l’issue. Le tout à la manière des compositions anciennes. Le noir et blanc est intemporel, sans géographie, le mur qui tient lieu de décor évoque celui d’un film noir.

Diamétralement opposé, Didier Fontan apporte un regard qui scrute l’architecture des villes comme si de la Beauté, Paris n’en était que la plus belle incarnation. Les figures humaines y trouvent un havre propice et un décor grandiose qui magnifient leurs destins. Rarement il nous a été donné de regarder Paris, la ville de prédilection du photographe, de cette façon aussi juste. La photographie de cet ambassadeur expérimenté révèle sans cesse la beauté de la ville, sans céder aux superlatifs dont notre capitale n’a nullement besoin pour demeurer la ville la plus photographique du monde.

Arnaud Pagnier
Galerie Artismagna

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