Hugo de Castelbajac est né en 1989. Il vit et travaille à Lyon.

L'œuvre d’Hugo de Castelbajac nous démontre sans détour que l’on peut être parfaitement autodidacte et exceller à produire un propos très personnel par la photographie. Si sa technique est impeccable, perfectionnée par le temps long du travail en chambre noire, par l’exigence des bains révélateurs et le rythme lent du procédé argentique, la vision du photographe est tout à fait originale.

Elle porte une certaine mélancolie qui s’attache a relever l’éphémère d’un moment de grâce, un fait qui pourrait être anodin mais qui devient précieux dès lors qu’Hugo a posé le regard dessus. Il ne lui reste plus alors qu’à capter cet instant dans le cadre de son Rolleiflex, comme une "mise au carré" du moment, cliché toujours parfaitement composé. Ici le cadre est encore plus important que la lumière. N’y est admis que l’essentiel, chaque élément du décor, chaque "acteur" se trouve à sa place dans la scène (presque théâtrale ou cinématographique) qui se déroule devant nos yeux. Le choix du noir et blanc retient le temps, la technique argentique laisse le doute de l’intemporalité. Présent et passé se trouvent photographiés dans une série sans couture.

Ce qui pourrait sembler parfois “minimal” est au contraire riche d’une matière, de sujets et de détails choisis avec un grand équilibre. Il y a une gourmandise, un sens épicurien (d’ailleurs dans le sens premier et philosophique du terme) à retenir par la photographie, ce moment décisif d’un plaisir visuel et même intellectuel. Ici Hugo de Castelbajac fait le lien avec son art "à la ville", celui de la cuisine et de la grande gastronomie qui nous rappelle que la photographie n’est pas un art "gratuit" et immédiat, mais qu’il s’opère selon un savoir-faire et aussi un goût accompli.